Les Français qui gagnent
Mai 2014 - N° 1146 - Editorial
TF1 diffuse en ce moment un spot publicitaire qui tente de briser la morosité ambiante qui règne dans l'Hexagone. Dans ce petit film de 45 secondes, la chaîne bat en brèche les idées reçues sur les humeurs des Français. Une voix off y affirme que «les Français font la gueule» qu'ils sont «perdants», «fainéants», «racistes»... Autant d'affirmations aussitôt contredites par des images illustrant le rire, la mixité, la victoire, le travail.Les Français sont les champions du monde de la morosité et de la consommation d'anti-dépresseurs. Une «performance» sur laquelle s'interrogent régulièrement sociologues et psys de tout poil. Il est vrai que la conjoncture économique n'incite guère à l'optimisme, mais nous avons un peu trop tendance à amplifier le phénomène.
Il y a pourtant des secteurs où la France gagne. Nous en donnons un exemple dans ce numéro avec le long dossier que nous consacrons à l'internationalisation des opérateurs français de transport public. A eux trois, Keolis, Transdev et RATP dev pèsent plus de sept milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'international. Pour Transdev – et bientôt pour Keolis – ce volume d'affaires dépasse celui généré dans l'Hexagone.
Cette évolution, entamée il y a moins de vingt ans et qui tend à s'accélérer au rythme de l'ouverture des marchés mondiaux, présente plusieurs avantages. Financiers d'abord puisque les contrats à l'international sont généralement plus rémunérateurs que ceux de l'Hexagone. Elle est également bénéfique à l'ensemble du secteur. Les groupes partent à la conquête de nouveaux marchés avec des savoir-faire acquis en France, en matière de DSP notamment, et s'enrichissent de nouvelles expériences. Un croisement des cultures incarné par quelque centaine de cadres expatriés par les groupes sur les cinq continents qui portent haut le savoir-faire français.
Robert Viennet